Le mardi 27 juillet 2021 est un grand jour, un jour historique pour l’Afrique et la Côte d’Ivoire. Et particulièrement pour le pays de Nana Houphouët Boigny.
En effet, en ce jour béni, désormais inoubliable pour les Africains et les Ivoiriens, les frères ennemis, les présidents Alassane Dramane Ouattara (actuel), et Laurent koudou Gbagbo (prédécesseur du premier cité), après plusieurs années de brouille, ont décidé de mettre la patrie ivoirienne au dessus de leur ego et de leurs rancoeurs, en se rencontrant au palais présidentiel d’Abidjan.
Pour qui a eu connaissance des conditions difficiles et humiliantes dans lesquelles le président Gbagbo a été arrêté, emprisonné, puis transféré et jugé; quand on pense également aux 3 000 morts de la crise post électorale de 2010, et aux conséquences tragiques des tensions pré et post présidentielles de 2020 en Côte d’ivoire, on ne peut que rendre grâce à Dieu pour avoir rendu possible une telle rencontre, mais aussi saluer le dépassement de soi et l’amour de la patrie dont les deux leaders politiques auront fait l’éclatante démonstration.
La Guinée qui vit, elle aussi, une longue crise politique, pourrait bien tirer profit de l’exemple ivoirien pour aller à une véritable réconciliation.
De ce point de vue, il nous parait utile de faire une revue des actes posés dans les 2 pays par les différents protagonistes, pour identifier et lever d’éventuels points de blocage.
Président Alassane Ouattara
L’histoire retiendra que la rencontre Ouattara-Gbagbo du 27 juillet 2021 n’aurait jamais pu se tenir, sans la clairvoyance et l’esprit de réconciliation du président en exercice qui aura pris d’importantes décisions dont, entre autres :
- L’amorce d’un dialogue accepté par tous les acteurs politiques ivoiriens, sous l’égide de la Primature.
- L’octroi au président Gbagbo d’un passeport diplomatique, ainsi que de tous les avantages liés à son statut d’ancien président de la République.
- La libération de certains détenus considérés comme politiques.
Président Gbagbo Laurent
Malgré ses 10 ans d’exil dont 7 de prison, à sa libération, il s’est abstenu de tenir des discours de nature à exacerber les tensions politiques et sociales, comme par exemple des diatribes inutiles contre le pouvoir, ou des propos excessifs de victimisation ethnique.
Il acceptera aussi de revenir dans ce palais où il aura subi les pires humiliations (les images du jour de son arrestation en disent long sur le sujet), et reconnaitra la victoire de son hôte, en l’appelant « monsieur le président » ; il sollicitera également , dans la plus grande humilité, la libération des détenus dont le maintien en prison lui pose un cas moral, pendant que le chef de file qu’il est, jouit désormais de sa liberté.
Président Alpha Condé
Fidèle à son engagement de léguer à son successeur une Guinée émergente et paisible, le président de la République sera auteur ou ferme soutien d’initiatives visant à créer un climat de sérénité et de confiance indispensables à l’ouverture d’un dialogue qui se veut inclusif et fécond.
Dans cette optique, citons la création d’un cadre de dialogue permanent et la nomination de son secrétaire, la libération totale de plus d’une trentaine de détenus, la libération de 4 ténors de l’UFDG, ainsi que l’envoi au Fouta d’une mission pour prôner la paix et le pardon entre Guinéens.
Sans vouloir nous opposer à ceux qui pensent que le chef de l’Etat devait ou pouvait faire davantage, nous leur ferons simplement remarquer que la rencontre du 27 juillet entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo aurait été impossible, si ce dernier avait posé comme conditions non négociables, la libération totale de tous ses partisans et le retour de tous les exilés dont, entre autres, son célèbre compagnon de la Haye, Charles Blé Goudé.
De toutes les façons, le président Alpha Condé, pour qui la paix, l’unité et le bien être des Guinéens sont des priorités absolues pourrait bien, si nécessité s’impose, poser encore d’autres actes pour faciliter et accélérer la tenue de rencontres interguinéennes sans tabous, pour identifier et proposer des solutions à tous les obstacles qui entravent la marche de notre peuple vers le progrès.
Président de l’UFDG et de l’ANAD, Elh Cellou Dalein
Le multi aspirant à la présidence guinéenne, président de l’UFDG et président de l’ANAD, Elh Cellou Dalein Diallo, pourrait-il enfin renoncer à la politique de l’autruche pour s’épanouir pleinement dans l’incontournable et irréversible réalité de la quatrième République ? C’est en tout cas le vœu formulé par l’écrasante majorité de nos compatriotes, vu que rien ne s’y oppose. Aurait-il vécu autant, sinon plus de calvaire que Laurent Gbagbo, au point de l’amener à se conforter dans une attitude de refus catégorique de tout dialogue, si ce n’est après satisfaction des conditions qu’il pose? La réponse à cette question est de toute évidence non !
Alors, pour mériter le qualificatif d’homme modéré, d’homme de paix, dont vous êtes crédité par certains Guinéens, vous devrez, Aladji Cellou , à notre avis, poser quelques actes simples, mais pleins de grandeur et de noblesse :
- Renoncer aux manifestations de rue annoncées.
- Accepter le cadre permanent de dialogue pour y exposer et défendre vos préoccupations car, ne dit on pas qu’on n’est jamais mieux défendu que par soi même ?
- Reconnaitre la réalité et l’irréversibilité de la quatrième République au cours d’une rencontre entre votre ainé, le professeur Alpha Condé et vous, et pendant laquelle rencontre vous pourriez dire, comme Gbagbo, « monsieur le président, je sollicite qu’il vous plaise de libérer nos responsables et militants de l’ANAD et du FNDC…».
Il n y’a aucune honte à le faire; et les bénéfices que vous tirerez d’une telle humilité vaudront plus que le cumul de 1000 manifestations de rues et 1000 condamnations attendues de l’extérieur.
Monsieur le président de l’ANAD, ne vous laisser donc pas prendre en otage par des extrémistes qui ne manqueront pas d’arguments pour fouetter votre orgueil, dans le satanique dessein de saper une si belle et opportune initiative !
Leaders de la société politique et civile, personnes de bonne volonté, sauvez le soldat Dalein de l’influence maléfique de certains membres de son entourage !
Ayez surtout à l’esprit, monsieur le président de l’UFDG, les intérêts supérieurs de la nation guinéenne et le sentiment de bonheur qu’éprouveront vos compagnons encore détenus, à vivre libres au milieu de leurs proches!
Que le Seigneur vous inspire et vous accompagne à faire comme le président Laurent Gbagbo !
Par DR Sidiki Cissé
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Last modified: 2 août 2021