A l’occasion de la célébration du 63è anniversaire de la création de l’armée guinéenne, le CNRD a réhabilité des militaires tués sous le régime de Sékou Touré en érigeant des stèles en leurs mémoires.
Ce mercredi, 3 novembre, l’association des victimes du camp Boiro a, à la faveur d’une conférence de presse rappelé le contexte de l’exécution des soldats comme Kaman Diaby, Keïta Fodéba et leurs compagnons sous le régime de Sékou Touré
Selon le directeur du Centre d’Analyse et d’Etudes Stratégiques (CAES), Sékou Touré craignant l’effet contagion des coup d’Etats au Ghana, au Mali, au Togo et en Algérie a décidé de politiser l’armée guinéenne.
« Pour Sékou Touré, dès le départ, il fallait que le soldat de la révolution soit avant tout un militant politique qui, même en dehors du service œuvre à la consolidation de la révolution. C’est ainsi que le leader guinéen s’est attelé à placer dans les activités de l’armée dans le cadre des idéaux de ka révolution. Mais cette politisation va s’accentuer par deux phénomènes qui se sont produits à l’époque en Afrique. C’est le coup d’État qui a eu lieu au Ghana, en 1966 qui a renversé le panafricaniste Kwamé Nkrumah et le 2ème coup d’État en 1968, au Mali qui renversa Modibo Keïta. Tout de suite, Sékou Touré s’est méfié de l’armée pour éviter qu’il lui arrive la même chose. Donc, il a orchestré une mécanique de politisation de l’armée », a rappelé Alyou Barry, le directeur du CAES
A l’en croire, Sékou Touré a décidé après le coup d’État du Mali de décimer toute la hiérarchie militaire guinéenne sous des prétextes de complots
« C’est dans ce contexte qu’il a militarisé complètement l’armée. Et dès le coup d’État du Mali ou ailleurs, il est rapporté que Sékou Touré se méfiait complètement de toute la hiérarchie militaire. Il est rapporté que des officiers auraient été arrêtés et que le chef d’état major ainsi que son adjoint, c’est-à-dire ,le capitaine Noumandjan Keïta et le colonel Kaman Diaby parce que Sékou Touré va rentrer dans une mécanique de complots et le premier dont les militaires ont été victimes était appelé le complot Kaman – Fodéba où il (Sékou Touré) a profité de l’occasion pour décimer toute la hiérarchie militaire », a expliqué Alyou Barry. Avant d’ajouter : « la préoccupation de Sékou Touré contre un risque de coup d’État transparait même dans un de ses écrits qu’on appelait à l’époque les Tomes. Ce Tome s’appelait (Le pouvoir populaire publié en 1969). Dans ce livre, Sékou Touré dit : devant l’indignité et la haute trahison de certains militaires africains, complices conscients ou agents criminels du retour en arrière de leurs pays, les peuples d’Afrique, les masses travailleuses des villes et de la campagne, les honnêtes fils d’Afrique vont s’organiser pour briser radicalement toutes nouvelles tentatives de coup d’États. »
D’après le directeur du CAES, Sékou Touré a mis en place des comités d’unités militaires (CUM) afin de briser tout esprit de corps dans l’armée guinéenne et surtout l’affaiblir.
« Ce sont des unités politiques qu’il (Sékou Touré) va mettre dans l’armée pour la politiser. Dans chaque garnison, l’ensemble des militaires, du soldat au caporal jusqu’au chef d’état-major et le général vont se réunir pour créer des comités politiques, des comités militaires et à la tête desquels, on mettra des caporaux de telle sorte que ce sont les caporaux qui vont décider du fonctionnement de la caserne. On arrivait à un point où le caporal donnait des ordres. A côté de la politisation, il va surveiller l’armée pour éviter des coup d’États. Entre 1969 et 1970, il a créé une milice populaire à laquelle il va donner les pleins pouvoirs », a relaté Alyou Barry.
Le directeur du CAES indique qu’en juillet 1971, plusieurs officiers de l’armée guinéenne ont été fusillés à la fois aux monts Kakoulima et Gangan.
Alyou Barry, le directeur du CAES a été sollicité par l’association des victimes du camp Boiro à ladite conférence de presse.
Sadjo Bah
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Last modified: 3 novembre 2021