L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a affirmé jeudi que des « actes de violences » ont été commis « dans la plus totale impunité » par des policiers contre des journalistes kényans couvrant les manifestations qui secouent le pays d’Afrique de l’Est depuis juin.
Selon RSF, qui a également annoncé dans un communiqué avoir saisi la police des polices, depuis le début des rassemblements antigouvernementaux, des journalistes kényans ont subi « des tirs de balles en caoutchouc, gaz lacrymogène, interpellations arbitraires » et « pressions« . L’ONG dénonce une « brutalité qui s’exerce dans la plus totale impunité ».
« Nous avons pu constater que la police kényane avait clairement perpétré des actes de violences envers des journalistes pour les empêcher de travailler, et qu’elle avait également exercé des pressions pour passer sous silence leurs bavures », a accusé l’ONG.
La porte-parole de la police, Resila Onyango, a affirmé à l’AFP « réitérer son engagement à continuer de collaborer et de travailler en très étroite collaboration avec les médias pour informer le public ».
Les rassemblements contre la politique économique du président William Ruto, au début pacifiques, ont viré au chaos le 25 juin lorsque des manifestants ont pénétré dans l’enceinte du Parlement. La police avait alors tiré à balles réelles.
Selon des organisations de défense des droits humains, au moins 60 personnes ont été tuées depuis le début des rassemblements, et plusieurs dizaines sont portées disparues. La police kényane est régulièrement pointée du doigt pour son usage excessif de la force.
L’ONG de défense des journalistes a affirmé avoir répertorié plusieurs cas de journalistes visés par des policiers, comme Catherine Wanjeri Kariuki, visée le 16 juillet par des gaz lacrymogène alors qu’elle portait un gilet « presse« , ce qui ne laisse, selon RSF, « aucun doute sur le caractère gratuit et délibéré des tirs ». La journaliste a eu la jambe ensanglantée.
La scène a été filmée, mais le policier à l’origine des tirs « n’a été ni identifié, ni sanctionné », déplore RSF. Un autre journaliste, Tom Mukhwana, a également été blessé, selon son témoignage, par des policiers alors qu’il couvrait un rassemblement à Nairobi. « Vous devenez une cible à partir du moment où vous enregistrez les exactions des forces de l’ordre », a-t-il estimé.
L’ONG a affirmé avoir saisi l’Autorité indépendante de contrôle de la police (IPOA) qui n’avait, pour l’heure « pas répondu ». Le Kenya est considéré comme une démocratie stable dans une Afrique de l’Est en proie à des troubles.
L’ONG de défense des journalistes classe le pays au 102e rang sur 180 en matière de liberté de la presse. « Certains sujets relatifs à la sécurité nationale, au terrorisme, à la religion ou encore aux trafics de drogue, d’armes et d’êtres humains sont très sensibles, et les journalistes qui les ont abordés ont parfois dû demander une protection », selon RSF.
AFP
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Last modified: 8 août 2024