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Coup de gueule : Massacre écologique à Lambanyi (Conakry)

28 mars 2025

Samedi dernier, l’air était irrespirable à Conakry. Comme tant d’autres citoyens, j’ai voulu fuir la chaleur suffocante en cherchant refuge du côté de la plage de Lambanyi. A la recherche d’un simple bol d’air frais. Mais surprise. A la place des vagues et du sable, j’ai découvert des monstres d’acier en train de pousser la terre dans la mer. La mangrove ? Disparue, broyée sous les chenilles de ces engins. Je n’étais pas au courant. Sidérant !

Ne sachant plus quoi faire, par curiosité, j’ai emprunté une route que je vois prendre de nombreux camions-bennes.  Je la découvre poussiéreuse et la suis jusqu’au pittoresque village de Tayaki. Tout le long du trajet, un défilé incessant de camions plutôt de molosses à remblais. Ici, on ne cache même plus l’ambition : assécher toute cette bande côtière pour des projets immobiliers. Peu importe que la nature trinque, peu importe que la ville suffoque sous la chaleur, que les pluies deviennent des torrents destructeurs, que les habitants s’enlisent dans les inondations.

À Conakry, on construit n’importe où, n’importe comment, sans réflexion, sans vision. Pourtant, ce ne sont pas les terrains qui manquent sur la terre ferme, ni dans les préfectures environnantes. Mais non, on préfère grignoter l’océan, raser les derniers remparts naturels contre les catastrophes climatiques, bétonner jusqu’à…l’absurde !

Et après, quand la ville deviendra un four à ciel ouvert, quand l’eau engloutira des quartiers entiers, on feindra la surprise. On convoquera des experts pour nous expliquer ce que nous savons déjà : c’est notre propre cupidité qui nous étouffe.

Combien de temps encore allons-nous assister, impuissants, à cette destruction méthodique ? Combien de temps avant que la mer ne nous rappelle brutalement que nous ne pouvons pas l’acheter ?

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

Last modified: 28 mars 2025

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