
L’élection du cardinal Léon XIV au siège de Saint Pierre marque un nouveau tournant dans l’histoire de l’Église catholique. Si la fumée blanche n’a pas consacré le cardinal guinéen Robert Sarah, beaucoup de ses compatriotes et de fidèles à travers le monde peuvent, à juste titre, nourrir une fierté légitime. Car même sans avoir accédé au trône pontifical, le nom du cardinal Sarah est désormais gravé dans la mémoire collective de l’Église comme celui d’un homme de Dieu, profondément respecté pour son intégrité morale, son érudition religieuse et sa rigueur spirituelle.
Originaire de Guinée, le cardinal Sarah a toujours incarné une voix singulière, à la fois ferme et prophétique, au sein de la hiérarchie catholique. Dans un monde religieux parfois tiraillé entre modernité effervescente et fidélité à la tradition, il s’est imposé par une parole claire, exigeante, mais toujours ancrée dans l’essentiel : la foi, la vraie, celle qui élève l’âme et défie les compromissions.
Il serait naïf de penser que les raisons de son non-élection relèvent uniquement du débat théologique ou de la volonté divine. Le monde actuel, et l’Église avec lui, est traversé par des considérations humaines, parfois diplomatiques, parfois idéologiques, qui influent sur des choix aussi symboliques que celui du successeur de Pierre. Certains diront que les temps ne sont pas encore mûrs pour un pape africain, d’autres invoqueront le positionnement doctrinal du cardinal Sarah, souvent jugé conservateur dans un climat où le progressisme gagne du terrain. Mais ces lectures ne sauraient effacer l’essentiel : le cardinal Sarah aura été considéré, et ce n’est pas rien.
Qu’il ait accédé ou non au sommet de l’Église visible, Robert Sarah aura déjà accédé à un sommet bien plus grand : celui du respect des fidèles, de la reconnaissance de ses pairs, et d’une postérité spirituelle dont peu peuvent se prévaloir. Il est et restera une conscience religieuse de notre temps, un éclat africain dans la lumière catholique universelle.
Les Guinéens, croyants ou non, peuvent s’estimer honorés d’avoir vu l’un des leurs figurer parmi les prétendants les plus crédibles à la papauté. À travers lui, c’est toute une nation, souvent marginalisée dans les cercles de pouvoir mondiaux, qui a rappelé au monde qu’elle pouvait aussi offrir des figures d’envergure universelle.
Robert Sarah n’a pas besoin de la tiare pour entrer dans l’histoire. Il y est déjà.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com
Last modified: 9 mai 2025